Depuis plus de deux mois une épidémie de la fièvre de la dengue est
répandue à Nouakchott. Les hôpitaux publics et privés ont pris d'assaut par des
citoyens en détresse. Avant que des cas de fièvre de la vallée du Rift (FVR),
plus dangereuse, ne soient signalés aussi. Le ministère de la santé a nié
catégoriquement l'existence de cette épidémie avant de reconnaître timidement
l'existence de cas de FVR. Le silence du Ministère et son incompétence
meurtrière nous ont poussé à organiser une manifestation de protestation devant
le Ministère le Mardi 14 Octobre 2015 à 10 du matin.
En marge de cette manifestation pacifique, je suis entré au ministère de la
santé en compagnie de deux de mes amis et camarades du Mouvement du 25 Février
afin d'interpeller le ministre et lui exprimer notre refus de cette
indifférence et de notre inquiétude vis-à-vis de cette situation catastrophique
que connaît don département surtout dans ces circonstances exceptionnelles.
Après avoir franchi la porte du ministère, nous avons été encerclé par des
éléments de la sécurité du ministère qui nous ont fait sortir d'une manière
brutale.
Après quelques instants, c'était au tour de la police d'intervenir. Elle a
utilisé tout son arsenal de force contre nos activistes et a fini par notre
arrestation au commissariat Tevregh Zeina 1.
Le mercredi 15, vers quatre heures du matin, j'ai été transféré au
commissariat du Ksar où j'ai été traité d'une manière inhumaine et jeté dans
une petite cellule lugubre, sans pouvoir informer la famille du lieu de ma
détention. Le vendredi 17 à une heure du matin, j'ai été transféré de nouveau
au commissariat de Tevregh Zeina 1 pour l'interrogatoire qui a commencé très
tard dans la nuit. C'est à ce moment que j'ai compris qu'il y'a une manigance
sécuritaire montée la nuit en mon encontre.
Le même vendredi, vers neuf heures du matin, des éléments de la police nous
ont conduit, mes camarades et moi, vers ce qu'on appelle le "Palais de
Justice" pour être entendu par le Procureur de la République qui nous
accuse de "rassemblement non autorisé".une accusation que je n'arrive
pas à comprendre jusqu'à présent.
Après notre transfert à la prison de Dar Naïm, j'ai vécu un enfer que les
mots ne peuvent pas l'exprimer.
Après notre décharge par la police pour le régisseur de prison, celui-ci
nous décharge pour les éléments de la garde pénitentiaire où nous finirons
entre les mains d'une bande de criminels condamnés à perpétuité qui nous ont
conduit dans une petite chambre pour être fouillés d'une manière ridicule sous
les yeux des éléments de la garde qui nous surveillent de la fenêtre sans la
moindre intervention.
Enfin de compte, nous nous sommes retrouvés répartis comme butin entre les
membres de la bande. Moi personnellement, j'étais dans la part de leur chef, un
serial killer qui dans son casier plusieurs meurtres. Il m'a conduit dans
l'aile gauche de la prison où j'ai subi toutes sortes de torture imaginables et
inimaginables de la part des prisonniers armés de couteaux et de bâtons de fer
avant de me retrouver jeté dans un coin d'une chambre très obscure qui manque
cruellement d'air et avec une musique assourdissante au volume maximum, en plus
d'odeur de cigarettes et des chaussettes sales.
Dans cet atmosphère catastrophique la bande revient me voir pour me frapper
de nouveau à l'aide de bâton de fer sur le bras gauche, me donner un coup de
poing sur la poitrine et une dizaine de gifles. Puis ils m'ont piétiné et m'ont
marché dessus plusieurs fois jusqu'à m'évanouir. Après quelques temps, je
commence à retrouver mon esprit et respirer la fumée qui envahit la place puis
j'ai essayer de me relever petit à petit pour me rendre au piste de garde afin
de leur rendre compte de ce qui vient de se passer et de porter plainte. Mais,
en vain. Les gardes refuse de coopérer en disant qu'ils n'interfèrent pas dans
les affaires entre prisonniers et que la seule solution possible serait de
donner un montant au chef de la bande pour assurer ma sécurité! Sur ça, les
prisonniers m'ont conduit à nouveau pour une nouvelle séance de torture.
Je fais porter l'entière responsabilité de ces tortures au régisseur de la
prison de Dar Naïm et aux éléments de la garde pénitentiaire.
Donc, le vendredi 17 Octobre entre 14H et 16H30 j'ai subi toutes sortes de
torture dans des conditions insupportables avant notre transfert à la prison
civile.
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Témoignage du détenu / Sidi Tayib Ould Moujteba
Prison Civile de Nouakchott
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